Comprendre le métier de conseiller ASH

Les conseillers pédagogiques sont les collaborateurs directs des Inspecteurs. Parmi eux, les conseillers ASH (Adaptation scolaire et Scolarisation des élèves Handicapés) ont une mission plus particulière d’aide aux enseignants pour la scolarisation des élèves en situation de handicap. Qui sont-ils ? Comment interviennent-ils ? Nous présentons ici leur action à partir du témoignage de Barbara Nivet, Professeur des écoles, qui était jusqu’à la rentrée dernière CAS-EH (Conseillère d’Aide à la Scolarisation des Elèves en situation de Handicap) en Seine Saint Denis (93).

Apporter à l’enseignant une aide adaptée, au bon endroit, au bon moment

Barbara Nivet

Conseillère d’aide à la scolarisation des élèves en situation de handicap, c’est un poste qui vous plonge au coeur de l’inclusion scolaire, tant du côté des enfants que du côté des adultes. Je travaillais sur 24 écoles maternelles et élémentaires, soit environ une centaine d’enfants concernés et tout autant d’enseignants et d’AVS.

Chaque jour, en classe, j’observe l’élève, son enseignant et le groupe. J’analyse la situation en dégageant les points d’appuis et les difficultés des enfants face aux apprentissages et au vivre ensemble. J’essaie de dégager des besoins. Ma formation CAPA SH (E et D) m’aide à avoir ce regard.

La 2ème partie de mon travail est tournée vers les adultes. J’accompagne les enseignants et les AVS pour que la scolarisation soit bénéfique. J’essaie d’abord de comprendre quels sont les besoins et les préoccupations de l’enseignant, ainsi que sa vision du handicap et de l’altérité de l’enfant. Certains ont déjà mis en place des aménagements. Avec d’autres, il faut y aller à petits pas. Certains font de la résistance, d’autres ont peur. Je m’efforce de rassurer et de permettre à l’enseignant de s’autoriser à faire autrement.

Après la visite en classe nous avons un 1er temps d’échange. J’informe l’enseignant sur le handicap et ses conséquences possibles sur les apprentissages. Nous analysons ensemble la situation et nous réfléchissons à des propositions d’aménagements pédagogiques. Nous les discutons pour voir ce qui est réalisable dans le contexte réel de la classe. Nous nous efforçons de fixer des objectifs limités et précis. Parfois, il s’agit de conseils très simples : agrandir la police, mettre des interlignes doubles, décomposer les exercices, placer l’enfant face au tableau…

D’autres situations sont plus complexes. Il m’arrive d’intervenir en classe et de tester plusieurs stratégies pour affiner mes observations, par exemple en structurant l’environnement ou en mettant en place des aides visuelles. Il est compliqué de faire prendre conscience aux enseignants que tout ne va pas fonctionner immédiatement comme on le voudrait, qu’il n’y a pas de « baguette magique ».  Ce n’est pas simple car ils sont, eux, dans une urgence à laquelle il faut apporter des solutions.

Faire du lien

Dans bien des cas, mon métier consiste à « faire du lien ». C’est par exemple l’aide au bon fonctionnement du binôme enseignant/AVS car j’observe que certains enseignants ne savent pas travailler avec l’AVS.

Il y a plus particulièrement aussi la scolarisation d’enfants autistes ou celle d’élèves qui présentent des troubles du comportement qui semblent poser le plus de problèmes aux collègues. Notre accompagnement est essentiel sur ces situations tendues pour informer, aider et faire du lien avec la famille et avec les partenaires de soin.

Quand cela est possible, je travaille en lien avec le psychologue scolaire, avec les partenaires de soins, avec la famille et autant que possible avec l’enseignant référent. La cohérence apportée renforce l’efficacité.

Le travail hors temps scolaire est conséquent (échanges avec les collègues, compte rendus d’observations, mise à jour des connaissances, formations spécifiques). J’essaie de rester disponible pour que les collègues sachent qu’ils peuvent faire appel à moi au besoin. La confiance se gagne petit à petit.

La conseillère ASH intervient en collaboration avec les enseignants et les parents

Q. Vous parlez d’observation en classe. Est-ce à la demande de l’enseignant ou êtes-vous envoyée par votre Inspectrice ?

R. Pour ma part, je privilégie la demande faite par l’enseignant. Je pense qu’il est nécessaire qu’il s’implique dans cette relation d’aide, de conseil et d’accompagnement. Le conseiller ASH n’a pas de statut « hiérarchique » par rapport aux enseignants. Nous ne pouvons rien imposer, juste accompagner les adultes et les enfants.

Pour les élèves ayant déjà un PPS, j’essaie de voir tous les enseignants avant la Toussaint pour leur présenter mes missions et leur dire de me contacter en cas de besoin. Normalement, si j’ai déjà vu l’enfant l’année précédente, l’enseignant dispose d’une pochette de suivi, que j’avais constituée pour lui.

Q. Êtes-vous spécialisée pour un handicap ?

R. Les conseillers sont amenés à travailler sur tout le champ du handicap. Nous sommes titulaires d’un CAPA SH A, B, C, D ou E. Il nous faut constamment poursuivre et enrichir notre formation. Des priorités sont fixées par l’IEN ASH et l’IEN de circonscription. Nous intervenons plus particulièrement sur les premières demandes en maternelle et au CP.

Q. Pouvez-vous être amenée à participer à des réunions des Équipes Éducatives ou des ESS (Equipe de Suivi de la Scolarité) ?

R. Je participe aux ESS quand mon emploi du temps me le permet, à la demande de l’enseignant référent, de la famille ou des partenaires. Ce peut être aussi à non initiative si je pense avoir vraiment quelque chose à dire ou tout simplement en soutien quand la situation est délicate.

L’un des problèmes, c’est que les PPS produits par la MDPH ne sont souvent que des cadres assez vides, sans contenu pédagogique. (1) En fait, notre travail s’inscrit dans des propositions d’aménagements pédagogiques et dans leur mise en place dans la classe. Personnellement, je laisse à l’enseignant des comptes-rendus écrits qui peuvent être utilisés pour remplir le GEVASCO.

Q. Rencontrez-vous souvent les parents ? 

R. Je rencontre souvent les parents dans les réunions institutionnelles (ESS) et hors de ces réunions. Je les informe du travail mené et nous voyons ensemble si certains des axes de travail, comme par exemple l’aide à la communication, pourraient leur être utiles. Nous parlons évidemment des difficultés et des possibilités du parcours scolaire.

Q. Ne serait-il pas souhaitable de pouvoir réunir les enseignants ayant le même type d’élèves handicapés pour leur permettre d’échanger sur les difficultés rencontrées et les solutions adoptées ? 

R. Il m’est arrivé de travailler en petit groupe via des animations pédagogiques. Sur environ 100 enseignants concernés, seulement une dizaine se sont inscrits. C’étaient ceux qui étaient déjà motivés et qui mettaient des choses en place. L’institution ne prévoit pas de tels temps d’échanges.

Q. Est-il possible de joindre directement les conseillers ASH ?

R. Oui, les familles peuvent joindre directement un conseiller ASH via le téléphone de l’inspection ou par mail. Cela arrive le plus souvent se heurtent à un problème direct avec un enseignant ou quand ils ont un souci avec une AVS (NDLR : cette question du rapport parents conseillers ou de l’attente des parents vis-à-vis des conseillers fera l’objet d’un prochain article).

 

 

(1)  Cette question des PPS sans contenu pédagogique est évoquée dans notre article « Vers un nouveau PPS »

Le blog de Barbara Nivet : http://barbaratsa.eklablog.com/
Ce blog est consacré à la scolarisation des élèves handicapés d’un point de vue réflexion pédagogique et didactique.

 

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5 commentaires sur “Comprendre le métier de conseiller ASH”

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