AESH : le retour du bac

Le nouveau décret sur le recrutement des AESH (décret 2018-666 du 27 juillet 2018) ne fait peut-être guère, finalement, que reprendre, mais avec raison, une disposition ancienne que la création des AESH avait fait passer aux oubliettes : la possibilité donnée aux titulaires du baccalauréat de postuler pour un poste d’AESH (Accompagnant des Elèves en Situation de Handicap).

Les premiers accompagnants étaient des Assistants d’Education

Les premiers accompagnants des élèves handicapés avaient été des emplois jeunes, créés à l’initiative des associations. Puis ils avaient été repris officiellement par l’Education nationale sous le nom d’Auxiliaires de Vie Scolaire, avec le statut d’ Assistants d’Education. Les Assistant d’Education sont ordinairement recrutés pour exercer des fonctions d’assistance à l’équipe éducative notamment pour l’encadrement et la surveillance des élèves. La circulaire du 11 juin 2003 instaurait une catégorie particulière d’Assistants d’Education, en ajoutant des « dispositions spécifiques aux assistants d’éducation exerçant les fonctions d’auxiliaires de vie scolaire pour l’intégration individualisée des élèves handicapés (AVS-i) ». 

La circulaire rappelait que le dispositif des assistants d’éducation s’inscrit dans l’objectif social d’aide à des étudiants dans la poursuite de leurs études, c’est pourquoi ils sont en principe recrutés à temps incomplet, et qu’ils doivent être titulaires du baccalauréat ou d’un titre ou diplôme de niveau égal ou supérieur. Tel était donc le statut des premiers Auxiliaires de Vie Scolaire.

Une dérogation était toutefois prévue en faveur des candidats non titulaires du baccalauréat mais justifiant d’une expérience de trois ans de services accomplis dans le cadre du dispositif « emplois-jeunes”.

Plus tard ont été embauchés des AVS en contrat aidé

Quelques années plus tard, et sans remettre en cause les AVS/Assistants d’éducation, la loi de 2005 revenait sur la nécessite du baccalauréat : « Art. 21 –  L 351-IV – (…) 3° Si l’aide individuelle nécessaire à l’enfant handicapé ne comporte pas de soutien pédagogique, (les assistants d’éducation) peuvent être recrutés sans condition de diplôme. Ils reçoivent une formation adaptée. »

Il s’agissait en fait de pouvoir embaucher des personnes au chômage. Cette décision avait suscité des réactions parfois vives de ceux qui craignaient un manque d’exigence dans le recrutement des AVS,  par exemple celle de la FNASEPH :  » Nous déplorons encore une fois cette forme de mépris des élèves en situation de handicap… «  .

Les nouveaux Auxiliaires de Vie Scolaire, non diplômés, et qui n’étaient pas des Assistants d’Education, firent bientôt une entrée plus ou moins subreptice dans l‘Education nationale avec la circulaire 2005-129 du 19 août 2005 qui donnait la possibilité aux Inspecteurs d’Académie d’embaucher des jeunes en Contrat d’Accompagnement dans l’Emploi (CAE) pour exercer des fonctions d’aides aux équipes pédagogiques pour l’accueil des élèves handicapés. Puis  au fur et à mesure des années les tâches de ces AVS/CAE se sont rapprochées de fait de celles des AVS/Assistants d’Education et leurs missions sont devenues identiques (circulaire 2008-100 du 24 juillet 2008). Le CUI est entré en vigueur le 1er février 2010.

La situation actuelle, après le décret du 27 juillet 2018 : une possibilité d’embauche avec le bac

La circulaire sur les AESH (du 8 juillet 2014) avait l’intérêt d’aller dans le sens d’une professionnalisation de la profession. Elle mettait fin au statut d’AVS/Assistants d’Education et tous les AVS recrutés avec le statut d’Assistants d’Education devenaient AESH.  Mais elle mettait fin du même coup à une possibilité d’embauche avec simplement  le baccalauréat. Et elle instaurait une nouvelle condition d’embauche, il fallait être titulaire du DEAES ! Complication supplémentaire ! La circulaire du 27 juillet 2018 rétablit donc tout simplement la disposition ancienne  en stipulant que :  » les accompagnants des élèves en situation de handicap sont recrutés (aussi) parmi (…) les candidats justifiant d’un titre ou diplôme classé au moins au niveau IV (= baccalauréat), ou d’une qualification reconnue au moins équivalente à l’un de ces titres ou diplôme. »

Quant à l’embauche des AVS en contrat aidé (CAE puis CUI), tout en ouvrant l’embauche à des personnels parfois très motivés  elle avait peut-être parfois pour conséquence le recrutement d’un personnel n’ayant pas un niveau suffisant pour l’accompagnement scolaire de certains élèves, d’autant que l’inclusion scolaire se développe d’année en année en collège en lycée. Et par ailleurs, des menaces semblent planer sur le recrutement des AVS en CUI.  Alors, avec le DEAES, diplôme plus facilement accessible, les personnes non titulaires du baccalauréat et ne bénéficiant pas non plus d’un CUI, mais pourtant  intéressées, auront encore la possibilité de postuler pour un emploi d’AESH. Pour elles, donc, le DEAES conserve tout son intérêt.

On aura noté par ailleurs que le nouveau décret favorise l’intégration des AVS/CUI dans le corps des AESH, en réduisant à neuf mois, au lieu de deux ans, le temps d’expérience professionnelle nécessaire pour postuler pour un poste d’AESH. Mais le décret n’indique pas, évidemment, le nombre des postes d’AESH disponibles !

Le public des enfants et des jeunes en situation de handicap n’est pas homogène et il est très vaste. Et puis il va de la maternelle au lycée. Les besoins en accompagnement sont variés, la demande  est parfois plus sociale, parfois plus scolaire. Il y a place pour plusieurs entrées dans métier d’AESH.

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