Les associations de parents d’enfants en situation de handicap se sont créées, le plus souvent, autour des problèmes de la scolarisation. Puis, leurs enfants ont grandi et leurs préoccupations se sont tournées progressivement vers la formation et l’insertion professionnelles. Les jeunes et les parents se trouvent alors affrontés à de nouveaux défis : comment entrer dans le monde de l’entreprise, comment trouver la bonne voie ?
La montée de ces questions est sensible aussi dans l’Education nationale, comme en témoigne le développement des ULIS en Lycées Professionnels.
Le labyrinthe de l’insertion professionnelle
Dans le même temps, de multiples dispositifs ont vu le jour, destinés à servir d’interfaces entre les jeunes en recherche et le monde du travail. Malgré cela, pour les jeunes et leurs familles, il n’est pas facile de s’y retrouver. Il s’agit de jeunes souvent fragiles et qui manquent de confiance en eux. Leur recherche est marquée d’errances et d’échecs, même s’ils bénéficient au passage des aides apportées par certaines institutions, notamment par Pôle emploi ou par les référents professionnels des MDPH.
Le rapport public « Plus simple la vie : 113 propositions pour améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap », remis au Premier Ministre en mai 2018, reconnaît qu’il faudrait rendre plus accessibles les dispositifs existants d’aide à l’insertion professionnelle : « nous avons pu constater de la difficulté pour une personne ou un particulier à se frayer un chemin de compréhension dans les aides mises à la disposition des uns et des autres… » (pages 195-6).
Le parcours d’un jeune : l’exemple de Leslie
C’est le cas de Leslie qui souffre de dysphasie. Après une scolarité difficile et un échec en classe de 1ère suivi de quatre années de précarité, d’incertitudes, de renvois d’un dispositif à un autre, Leslie semble avoir trouvé une voie professionnelle. Alors, parlons de ce qui marche !
Ce qui a marché, pour Leslie, c’est le dispositif « OSONS l’égalité ».
Rencontre avec « OSONS l’égalité » – Le témoignage de Nathalie, la mère de Leslie
Début 2017, Leslie s’est réinscrite à la mission locale de Rostrenen. Elle veut faire de l’informatique. En mars, nous allons à une journée porte ouverte : c’est là que nous rencontrons l’association « OSONS l’égalité ».
Leslie raconte son parcours, elle parle de son envie de se diriger en informatique. La directrice l’écoute attentivement et la comprend. Son professionnalisme et son sens aiguisé des compétences que l’on peut déceler chez des jeunes permettent à Leslie d’entrevoir un avenir professionnel dans l’informatique.
A OSONS l’égalité, ils s’occupent des jeunes jusqu’à 30 ans avec reconnaissance RQTH. Ils envisagent pour Leslie une formation en alternance, avec l’IUT et avec Orange. Ils refont son CV et ils la préparent en vue du rendez-vous avec le directeur du département Réseaux & Télécoms de l’IUT et pour l’entretien téléphonique qu’elle aura avec une technicienne d’Orange. Pour l’IUT, ils l’emmènent à St Malo à l’université, et tout se passe bien, elle va être prise. Puis tout se met rapidement en place, Leslie est prise par le constructeur de lignes de fibres pour Constructel. Commence la préparation qui doit durer 4 semaines par le biais de Pôle Emploi.
Le 18 juin, Leslie signe son contrat de travail en alternance et commence son année à l’IUT. C’est grâce à cette association, à sa directrice et à Kévin, chargé RH, toujours très présent auprès de Leslie, qu’on y sera arrivé. C’est la première fois que je vois ce genre de chose.
Un Club qui accompagne les jeunes en situation de handicap : le Club OSONS
En Bretagne le Club OSONS accompagne des jeunes en situation de handicap, scolarisés individuellement en milieu ordinaire, dans la construction de leur projet professionnel. «OSONS permet de soutenir les jeunes dans la construction d’un projet structurant correspondant à leurs motivations, tout en tenant compte de la réalité des métiers et des exigences dans les entreprises », indique la Directrice, Mme Sauer. L’objectif est que le jeune soit acteur de son projet.
« La fin du lycée est une étape clé dans le parcours, explique encore la directrice. Tous les jeunes qu’on rencontre ont une particularité à compenser. Notre objectif, c’est qu’ils choisissent un métier porteur et en fonction de leurs projets. »
L’association accompagne les jeunes sur le marché de l’emploi. Elle leur propose d’expérimenter en entreprise par le biais d’entretiens de découverte des métiers, par des stages et des formations en alternance. Son but est de définir avec eux leur projet de formation, non en fonction de leur situation de handicap mais bien en fonction de leurs centres d’intérêt et de leurs points forts.
Le Club OSONS est l’un des moyens d’action de l’association. Véritable laboratoire d’idées et d’échanges, il réunit les jeunes acteurs de leurs projets et les entreprises qui souhaitent recruter des jeunes motivés et compétents, tout en répondant à leur obligation d’emploi.
Il accompagne les jeunes lors des échanges avec les RH, managers et tuteurs des entreprises pour connaître les métiers et les organisations. Dans cet accompagnement, son objectif est de faire émerger leurs talents dans leur choix de formation et de métiers et de les aider à acquérir la confiance essentielle à leurs prises de décision.
L’association guide les jeunes avant les entretiens et est à l’affût des nouveautés, notamment dans les métiers du numérique. « Grâce au numérique, les métiers évoluent, de nouveaux métiers sont en train de naître », indique la directrice.
L’association OSONS l’égalité a son siège à St Brieuc. Elle existe depuis 2008. Son financement est assuré par l’AGEFIPH et par les cotisations des entreprises. Elle travaille en collaboration avec l’Education Nationale, avec des entreprises privées et avec des employeurs publics. Elle a le soutien du Conseil Régional Bretagne et des CCI bretonnes.
La méthode OSONS : une association active sur le terrain
Quelle est la méthode d’OSONS l’égalité ? Une brève video pour compléter sa présentation.
Les personnels de l’association payent de leur personne. Ils ne se contentent pas de recevoir les jeunes derrière leur bureau mais n’hésitent pas à se déplacer. Ils vont à la rencontre des entreprises, ils accompagnent les jeunes sur le terrain.
Ainsi, grâce à des gens comme eux, des jeunes trouvent leur chemin dans le monde compliqué de l’insertion professionnelle.