Le PPS – Projet Personnalisé de Scolarisation – a été mis en place par la loi de 2005. Dix ans plus tard, le PAP – Plan d’Accompagnement Personnalisé – était créé à la demande des associations de parents d’enfants dyslexiques, relayée par la FFDys (Fédération Française des Dys). Le PAP visait un public d’élèves qui, bien que présentant des troubles des apprentissages et des difficultés scolaires durables, ont seulement besoin pour leur scolarité d’aménagements pédagogiques. Il s’agissait de simplifier la mise en place de ces aménagements et de leur éviter le PPS.
Dans une première partie nous avons évoqué le PAP dont l’objet est de simplifier la mise en place d’aménagements pédagogiques en faveur d’élèves Dys. Il reste à comprendre pourquoi le PAP suscite tant de méfiance chez la majorité des associations de parents d’enfants Dys pour qui le PPS est de beaucoup préférable.
Le PAP pallie les difficultés scolaires mais n’entre pas dans le champ du handicap
Le PAP s’en tient aux difficultés scolaires liées aux troubles des apprentissages. Ces difficultés se manifestent en particulier dans le langage (dysphasie), dans la lecture (dyslexie), dans la motricité fine comme dans l’écriture (dyspraxie) et dans le domaine de l’attention. Vis-à-vis de ces difficultés, le PAP permet d’envisager des aménagements pédagogiques qui faciliteront la vie scolaire de l’élève et qui lui permettront de réussir. On s’efforcera, par exemple, de réduire les temps de langage oral, d’adapter la présentation de l’écrit, d’utiliser l’ordinateur, etc.
Mais ce faisant, on n’entre pas dans le champ du handicap. On prend en compte les difficultés scolaires mais sans s’interroger sur l’origine des troubles. On ne cherche pas à savoir dans quelle mesure ils affectent la personnalité et l’ensemble du comportement et de la vie sociale de l’enfant.
A la différence du PAP, le PPS exige un diagnostic de handicap
Le PPS propose une autre démarche et une autre vision des troubles, considérés comme un handicap. La première différence entre le PPS et le PAP se situe donc au niveau du diagnostic et dans la manière d’appréhender les troubles. Les troubles Dys peuvent être liés à une altération des fonctions cognitives. Ils sont sans doute d’ordre neuro-développemental et ils exigent un diagnostic pluridisciplinaire.
Concernant le diagnostic, le PPS se montre donc beaucoup plus exigeant que le PAP. Le PPS est élaboré par une Equipe Pluridisciplinaire d’Evaluation (EPE) qui peut, par exemple, demander un bilan neuropsychologique.
On sait ce que ces troubles ne sont pas. Les enfants qui en souffrent sont généralement d’intelligence normale. Leurs troubles ne s’expliquent pas non plus par une pathologie d’ordre sensoriel ou d’ordre psychologique. Mais ce sont des troubles durables. L’analyse fait apparaître souvent un déficit de l’attention et de la mémoire de travail, qui peut entraîner un manque de confiance en soi. D’où la fluctuation importante des résultats d’un jour sur l’autre ou des échecs inexplicables.
Les experts insistent sur le fait que les élèves “Dys” ont des difficultés à automatiser leurs gestes, leur lecture, leur écriture, les calculs, etc. C’est pourquoi ils se retrouvent très souvent, en classe, dans une situation de « double tâche », ce qui entraîne de graves difficultés d’attention et de la fatigue. On parle de double tâche parce qu’un certain nombre d’activités devenues réflexes chez l’individu ordinaire – lire, écrire, lacer ses chaussures, se souvenir de ce qu’on a appris la veille, observer un panorama – ne le sont pas encore chez l’enfant Dys. Or « on ne peut pas apprendre en situation de double tâche », observe Caroline Huron chargée de recherche à l’INSERM.
Le PPS implique un partenariat
Avec le PPS, les difficultés ne sont plus l’affaire des seuls enseignants. On ne se limite pas à des aménagements scolaires. On envisage l’ensemble des mesures de compensation du handicap : rééducations, aides matérielles ou humaines auprès de l’enfant (AESH, SESSAD) et aides aux parents. C’est la seconde différence entre le PPS et le PAP. On croise les regards. Le PPS implique des réunions partenariales où se rencontrent, avec les parents, enseignants et professionnels. Beaucoup de parents se plaignent du manque de formation des maîtres ; dans ce partenariat, les enseignants apprennent à mieux connaître l’enfant et son handicap.
Quelle est la différence entre un aménagement scolaire prévu dans le cadre du PAP et le même aménagement scolaire prévu dans le cadre du PPS ? Avec le PPS, cet aménagement est intégré dans une vision plus large, parce que partenariale, du handicap de l’élève.
Le principal reproche qui peut être fait au PAP est donc de ne pas prendre en compte l’ensemble de ces données et de penser les aménagements scolaires indépendamment de la reconnaissance du handicap.
Le PAP rend-il service aux familles ?
Quand les parents sont orientés en début de parcours vers la MDPH pour des aménagements scolaires, cela contribue à leur faire reconnaître et accepter le trouble Dys comme un handicap. Si c’est le PAP qui leur est proposé, ils n’ont pas de raison de se tourner vers la MDPH et ils ne prendront peut-être jamais conscience du handicap réel que ce trouble représente pour leur enfant.
Bien sûr, certaines familles sont tout à fait capables de gérer la scolarité de l’enfant dans le cadre d’un PAP tout en faisant appel par ailleurs à des professionnels et en mettant en place les rééducations nécessaires. Dans ce cas, les enseignants seront privés d’un partenariat dont eux-mêmes et l’élève auraient tiré profit.
Alors, PAP ou PPS ?
Le PAP peut rendre des services aux enfants dont le trouble a des répercutions scolaires mais peu de conséquences dans la vie quotidienne. Et mieux vaut sans doute un bon PAP qu’un mauvais PPS ! Il reste malgré tout un outil à double tranchant. Il vaut mieux ne pas feindre d’ignorer la situation de handicap. Le PPS offre de meilleures garanties de prise en charge et de rééducation. Dans bien des cas, d’ailleurs, des familles qui auront commencé avec un PAP termineront avec un PPS.
8 commentaires sur “PAP ou PPS : choisir le meilleur dispositif d’accompagnement pour son enfant (2/2)”
Merci pour votre article mais mon cas n’est pas dedans et du coup je vous l’explique… Mon fils était en PPS (multidys) et la MDPH veut le placer en PPS donc la grosse différence pour moi c’est que maintenant c »est à nous de payer un ordinateur, les logiciels… Je suis dégoutée. On va bien sur contester et c’est dans ce cadre là que j’ai consulté l’article pour essayer de trouver des arguments qui vont leur parler..
Si un PAP s’avère suffisant, plutôt qu’un PPS, c’est plutôt bon signe pour votre fils. Mais reste le problème de l’ordinateur. Je n’ai pas la solution. Mais vous pouvez éventuellement
– demander au directeur de la MDPH de vous indiquer un conciliateur, avec qui vous verrez si quelque chose est possible du côté de la MDPH,
– voir avec le conseiller informatique départemental s’il peut vous proposer quelque chose. On trouve en général ses coordonnées sur le site de l’IEN ASH :
https://ecole-et-handicap.fr/handicap-et-scolarisation/les-sites-des-ien-ash-adresses/ )
– voir si votre mutuelle peut faire un geste…
je suis tombée par hasard sur votre article et il a justement répondu à mes questions que je me poser : quelles différences entre le PPS et le PAP ? et qu’est-ce qui est le mieux pour mon fils multidys et trouble psychomoteur et de l’attention ? Il a un PPS alors que ma fille dyslexique à un PAP, je pense avoir fait le bon choix pour chacun par rapport à leurs difficultés plus ou moins importantes et à leur façon de les gérer en cours et émotionnellement . Merci beaucoup pour ces explications qui m’ont éclairé .
Merci pour ce commentaire.
Du fait de la compensation, qui peut être importante – notamment pour les enfants à haut potentiel, mais pas seulement – nombre d’enfants avec troubles « dys » sont considérés comme ayant des résultats « corrects », ou « bons », ou même « très bons ». Pour autant, le ou les troubles sont bien présents.
L’image du canard, qui avance parfaitement serein sur l’eau, mais qui « rame » intensément sous l’eau, est fréquemment utilisée pour illustrer ces situations : une apparence « normative » mais une activité cognitive beaucoup trop importante, et…invisible.
Or, l’entrée du PAP étant « difficultés scolaires », ceux-là sont maintenant fréquemment écartés du dispositif PAP, considéré alors comme non pertinent.
Ainsi, avec le PAP il n’est pas tenu compte de la réalité des troubles des fonctions cognitives spécifiques, mais uniquement du « symptôme résultats scolaire », ô combien trompeur !
Aurait-on idée de ne prescrire des lunettes qu’aux seuls élèves myopes qui sont en difficulté scolaire ?
Ou des appareils auditifs qu’aux seuls élèves malentendants qui sont en difficulté scolaire ?
C’est pourtant ce qui se passe avec le PAP pour les élèves qui font montre de résultats scolaires jugés « satisfaisants » malgré leurs troubles cognitifs spécifiques.
S’agissant de la prise en compte des besoins réels et des caractéristiques qui sont constitutives d’une situation de handicap, l’idéologie du PAP instaure une régression majeure.
Merci Jean-Marc pour ce commentaire qui complète opportunément l’article.
Bonjour Jean-Marc, je ne partage pas votre avis dans la mesure où le PAP est un plan d’aide pour les élèves en difficultés scolaire justement. Diriez-vous que le PPS serait une régression majeure ou qu’il nuit aux enfants qui ne seraient pas handicapés mais qui ont pourtant des difficultés scolaire ? Non, parce que ces derniers peuvent bénéficier du PAP. Chaque profil a son plan d’adaptation. Concernant les enfants qui n’ont pas de difficultés scolaire mais souffrent de troubles cognitifs spécifiques (HPI par exemple) vous avez le PPRE (permettant des adaptations scolaires, aménagement d’emploi du temps, etc.) Je vous invite à consulter le site educsol pour voir tout ce qui est mis en place pour ces enfants-là (voir la cellule HPI). Tous les enfants qui en ressentent le besoin peuvent profiter du PPRE, quelque soient les résultats. C’est le principe même de ‘école inclusive, qui certes dans la pratique n’est pas parfaite, mais de là à fustiger ainsi le PAP, qui est quand même une sacrée avancée pour ces enfants laissés autrefois sur le « bord du chemin », c’est un peu cracher sur l’ambulance.
Bonjour Claire
Un PAP pour des troubles de l’apprentissage, temporaire, pourquoi pas. Mais dans le cas des troubles Dys et par exemple comme pour ma fille trouble Dysexécutif detecté (et profil HPI) au collège au deuxième bilan neuropsy (auparavant seulement gros troubles de l’attention et profil HPI, en echec sccolaire) je dois me battre tous les ans depuis sa classe de cp, pour que les enseignants ne considèrent pas son PAP, obtenu que depuis l’année dernière, avec des PPRE précédents plus ou moins appliqués, comme un « PAP de confort » justifiant sa non mise en application suivant les matières, sous prétexte qu’elle » compense », en arrivant difficilement à se rapprocher d’une moyenne générale de 10 …. Demande à la MDPH cette année, toujours en cours, et retour de réunion de l’EPE qui considère que ma fille n’est pas suffisamment « handicapé » : le principal objet de discussion lors de cette réunion a été: pourquoi vous demandez un PPS ? Comment une équipe EPE peut -elle se positionner de cette sorte, en diagnostiquant en lieu et place des spécialistes ? Les PAP ne sont pas opportun lorsque le handicap est sur la durée… et surtout il ne s’agit pas de cracher sur le PAP, mais celui-ci à moins de « poids » auprès des enseignants que le PPS …. Quand il existe, il faudrait qu’il soit appliqué, ce qui n’est pas forcement le cas puisque laisser à la discrétion de la pédagogie de l’enseignant.